mercredi 12 janvier 2011

Expulsons l'expulsé...


L'EXPULSÉ...

Et si dans tous systèmes graphiques disposés en un ordre conventionnel, et servant à transcrire les sons d'une langue nous expulsion une lettre ! Considérant qu'elle ne correspondrait plus aux critères de notre société...

Quelle serait cette lettre ?
Et quelle méthode utiliserons-nous pour l'expulser ?

Ce signe linguistique classé depuis tant de temps à la deuxième position, n’appartient à personne en particulier ! Donc il peut s’effacer s’il menace les sages masses humaines !
En effet ce dessin grammairien m’est apparu vulgairement lors d'une présentation d'une loi…
Pourquoi cette lettre doit-elle disparaitre ? C’est à cause du Gugusse, le ministre causant trop de tourments aux voyageurs ! Ôtant son matricule, le Marocain devient ESSON ?! Mot totalement disparu du dictionnaire...


À midi pile, la face plantée dans la vase, délaissée par la mer puis durcie par les morsures du soleil, l'expulsé sursauta !

À midi pile, un indésirable, nettement plus aguerrir, jaillissait du fin fond de la masse gluante avec comme unique mission : refermer ses pinces sur une matière sensible.

À midi pile, accompagné d'une douleur trop réelle, le sujet rejeté s'extirpa d'un trait en lâchant un son immense.

À midi pile tout le littorale prenait acte : quelque part un loustic non désiré venait d'entrer en relation avec un dormeur éveillé.

À midi pile, le dos sur un drap éponge au motif naval, les seins nus pointant vers l'azur, le mont de Vénus défriché, une galante ouvrit les yeux.

À midi pile cette créature dénudée, sans aucun complexe se moqua d'un étrange individu.

À midi pile, la face envasée, le ventre incurvé, le nez ensanglanté, le second, prochainement expulsé se retrouva le cul dans la vase avec, accroché à ses narines un dormeur fière comme un ministre de l'immigration.

À midi pile, l'insouciante créature se leva, secoua puis plia sa serviette de plage, en prenant un certain plaisir à ne pas dissimuler les frissons naissant sur sa peau rôtie.

À midi pile, face à la façade de l'atlantique, dos au couchant, une créature totalement nue, royalement moqueuse retourna dans son repaire songeant déjà au bienfait de l'eau du service municipal sur son corps chaud.

À midi pile, sa solitude revenue, l'expulsé demanda gentiment au pinçant de lâcher prise vu que ce dernier ne possédait nulle carte de séjour...

Puis : La mer monta vivement. Alors, le monstre linguistique, en un cours instant ce noya... Difficile à conserver son allure sur les flots agités, alors il coula comme une pierre affutée : d'un trait vers la noirceur salée de l'océan atlantique ! L'ouest devenant une terrifiante crevasse... Avec aisance il devint silence, posé sur la vase millénaire. Depuis, ce second se morfond sur cette vieille peau terrestre.

L'investigateur de ce drame, un législateur aux caractères spéciaux, le derche posé sur un sofa, supprima le signe grammatical sans amertume, « C'est par hommage aux Oulipiens historiques, pour acclamer leurs création, dans leur nuit de rat. » disait-il à qui demandait une explication.

Mais ceux-ci savaient très bien qu'il ne s'agissait que d'un prétexte afin de réduire les demandeurs d'asile et de virer les in-désirées.

Depuis, sur la terrasse de l'illustre noyé, un couple de mésanges en possède des traces sur leurs ailes... Quelques plumes, des fragiles et minus sur la tête, témoignent de son utilisation nécessaire. Pour le ciel c'est pareil, sauf qu'elle se trouve diluée par une noirceur cosmique perlée d'étoiles... Une couleur neutre manqua sur la palette. Adieu tendre lettre consonante ! Adieu son communicatif, acclamant les acteurs d'une comédie dramatique. Désormais nous ferons sans toi !

Eric de son prénom, tamponna violement le document administratif puis signa à l'endroit réglementairement autorisé. « Il ne reste plus que le décret à rédiger et nous en aurons fini avec ce flux migratoire incontrôlé. Désormais ces ventres dodus de l'intérieur resteront à l'extérieur. Ils ne prendront pas le risque. »

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