Une pièce radiophonique.
Intention :
Combien de temps mettrons nous à dénouer l'acier ?
ACTE I
Scène: 1 - La nuit
- Nous sommes entourés de pénombre, plongé en plein cœur de la nuit - En une interaction reliant le 3 au 4 décembre 2011.
- Deux êtres racontent un précédent épisode.
- (SON : Deux réveils marchent au pas, leurs démarches circulaires s'entendent mollement, elles sont légèrement décalées.)
ELLE
Je suis femme !
LUI
Je suis homme !
ELLE
J'ai en moi cette flamme...
LUI
Qui fait de moi une gomme.
ELLE
Il veux devenir effaceur ?
LUI
Un jour qui sait... j'aurais mon heure !
ELLE
Oui ! Peut être mais en attendant...
ELLE & LUI
Nous sommes deux doux non dormants.
LUI
Défiant le présent.
ELLE
... En nous imposant.
LUI
un passé prélassant !
Silence apaisant...
Lui
Cette nuit n'avait nulle comparaison ?!
Défiant les règles orbitales, établies au fin fond du cosmos en un temps indéchiffrable, elle ne coulait pas comme tant d'autres...
Elle
Non ! Elle brillait d'une éclatante douceur...
Et puis, elle était si belle et tellement bien délaissée par les étoiles, qu'elle aveuglait mon sommeil, submergeant ainsi mes inquiétudes.
LUI
Prisonnière, derrière des volets verts en polypropylène, elle baillait sans brailler.
ELLE
Les rideaux, telles des tulles orientaux, ornaient notre chambre. En ce lieu, où tant de rêves véhiculèrent leurs bienveillances, nos nuits antérieures s'époumonaient en des prestations reposantes.
LUI
Pourtant, celle-ci, bien sagement éveillée, différentes des précédentes, diffusait ses délicates promesses... Un peu comme une femme, lorsque, précautionneusement, devant le miroir elle se cotonne les joues de timidité attendrissante.
ELLE
Il y a toujours un miroir entre nous...
Lui
Il est bon d'avoir quelques hivers muraux ! Pas de mal en ça.
scène: 4 - L'auto
- Dans l'habitacle d'une auto, des filins de lumières défilent, fouettant les conduits auditifs de leurs bruyants vrombissements...
- (SON : ouverture de voiture, coffre - portières avant conducteur & passagers puis fermeture de l'une puis de l'autre...)
- (SON : Une voiture démarre puis roule - Mégane, essence, sans klaxonner... on entend en contre chant Une radio : "France-Musique".)
LUI
Surprit ! Nous étions réellement surprit de voir avec quelque aisance l'auto démarra...
ELLE
Sans la moindre hésitation, le moteur émit une humeur très communicative. J'ai aimé ce bruit... Même si la plupart du temps j'ai grand horreur de ce brouhaha polluant.
LUI
L'échappement murmura gaiement dans ce matin naissant. Nous nous sommes regardé et j'ai particulièrement idolâtré ce sourire que tu affichais. La pluie avait beau racasser sur la carrosserie du véhicule, rien ne pouvait perturber cette quiétude.
ELLE
Nous savions que nous avions assez d'avance pour ne pas enfreindre la loi sur la limitation de vitesse ? Je me souviens de ce que tu m'as dit...
" tu peux dormir, ce matin les flaches n'éblouiront pas ton homme, ce matin, la couleur rouge du compte-tour ne sera pas atteinte..."
LUI
J'ai ajouté :
"nous ne rencontrerons pas d'embouteillage..."
Après, déposant sur ta bouche entrouverte un baiser, j'ai débrayé.
ELLE
J'ai alors ressenti la puissance de ton baiser, j'ai su que rien ne pourrait perturber notre chemin. J'adore ces moments ou rien ne peut violer ma confiance.
LUI
Pourtant, tu ne t'autorises pas facilement un lâcher prise ?! Alors ce matin, lorsque tu as fermée les paupières, j'ai ressenti en moi une immense responsabilité. Le clignotant actionné me disait :
"Ne trahis pas ta douce, ne l'a surprends pas, sois à la hauteur !"
J'ai regardé dans le rétroviseur afin d'accomplir à la perfection la manœuvre adéquate permettant à l'auto de se trouver sur le bon rail.
ELLE
Oh ! certes, j'ai fermé les paupières... Mais pas pour m'abandonner au sommeil... Non ! Je voulais profiter de chaque instant, car chaque instant avec toi est un havre de paix et nulle cancanière ne pourra débiter son venin sous mes fenêtres que je laisse ouvertes pour toi mon doux prince. Le véhicule me berçait, j'avais l'impression de redevenir enfant. Mes paupières ainsi fermées protégeaient mes enfantements.
LUI
Étais-je redevenu ton baigneur ?